L'essentiel du fonds concerne la production artistique de Francis Pellerin. Cette production se présente sous forme de pièces administratives, correspondance, études (dessins, montages, esquisses peintes, etc.), dont l'intérêt principal est de témoigner du processus de création de l'artiste. Si certaines feuilles peuvent être considérées comme des œuvres achevées, la plupart sont des études préparatoires et témoignent ainsi de ses recherches plastiques et de l'élaboration d'œuvres ultérieures. Ces pièces revêtent une dimension artistique et, malgré leur statut d'esquisses ou d'études préparatoires, elles constituent des œuvres à part entière, dans le sens d'œuvres de l'esprit définies par le Code de la propriété intellectuelle. Deux autres ensembles sont assez bien documentés : la valorisation de son œuvre par le sculpteur lui-même ou par des tiers, ainsi que l'enseignement à l'école régionale des Beaux-arts de Rennes et à l'école d'architecture de Rennes. Enfin, le fonds comporte quelques dossiers relatifs à son environnement professionnel (approvisionnement en matières premières, syndicat national des sculpteurs), et des archives personnelles. Le fonds est organisé en cinq parties, qui reprennent ces différents ensembles.
1. La profession de sculpteur
Cette première partie comporte peu de dossiers. Les factures permettent de connaître les fournisseurs de matières premières de Francis Pellerin (avec des indications précises sur la densité des matériaux, comme le bois, 60 Z 1), ainsi que les prestataires de duplication d'œuvres, que sont les fondeurs d'art (60 Z 146).
Le dossier sur le syndicat national des sculpteurs (60 Z 2) apporte des éléments sur les modalités d'application du 1% artistique (60 Z 2 et 3), dont le champ s'est étendu au fil des années.
2. La production artistique
La partie sur la production artistique est la plus fournie. Elle s'ouvre sur une première sous-partie consacrée à la réflexion artistique de Francis Pellerin. Cette réflexion présente des aspects variés : réflexion sur l'art et l'artiste, menée par lui-même dans son « Manifeste » (60 Z 5 et 6) et avec la philosophe Monique Merly (60 Z 12), étude sur des noms d'œuvres, dessins et citations affichés dans son atelier, ainsi que de nombreux poèmes (60 Z 7 à 11) qui sont souvent des quatrains. Deux autres sous-parties rassemblent ensuite les dossiers qui représentent la majorité du fonds et les deux formes de sa créativité : les œuvres monumentales et les œuvres d'atelier. Les Archives municipales de Rennes conservent les études préparatoires pour ces deux types d'œuvres. Les études pour les œuvres monumentales sont des dessins, des peintures et des montages souvent réalisés sur papier ou sur calque. Elles se rapprochent plus ou moins de l'œuvre définitive, de la première ébauche au plan d'œuvre (ou plan d'exécution). Si la mise en ordre des dessins et plans d'exécution des œuvres monumentales n'a pas posé de grande difficulté, l'identification des dessins liés aux œuvres d'atelier s'est révélée ardue. Armel Pellerin et Haude Pellerin, enfants de Francis Pellerin, ont largement contribué à cette identification, car les dessins ne comportent que très rarement des informations : certains dessins trouvent leur aboutissement dans la réalisation d'une œuvre d'atelier ; d'autres dessins traduisent la recherche d'une œuvre monumentale mais peuvent aussi se matérialiser, en cours de cheminement, en une œuvre d'atelier autonome, même si l'œuvre monumentale voit le jour ; d'autres dessins encore relèvent de la recherche pure : recherche de formes et de couleurs. Ainsi, les dessins des œuvres d'atelier peuvent suivre une visée précise (la réalisation d'une commande) ou bien correspondre à une recherche artistique qui n'a pas pour but de se concrétiser dans une œuvre définitive (le travail de recherche « de fond » de l'artiste).
2.1. Les œuvres monumentales et les œuvres d'atelier
A été classé dans cette sous-partie un premier ensemble composé d'études graphiques, dont le périmètre n'est pas nettement délimité. Il s'agit d'études qui peuvent aboutir à la fois à des œuvres monumentales et à des œuvres d'atelier. À titre d'exemple, les études sur les « Signaux » ont inspiré les œuvres monumentales éponymes et des sculptures d'atelier qui ont la même forme générique (60 Z 17). C'est également le cas d'un dessin qui correspond probablement à une œuvre monumentale, la grille du lycée de Pontivy (1964), et à une œuvre d'atelier, la structure extensible en bas-relief de 1961. Cette partie comprend également les études dont le sujet est identifié mais dont le lien avec des œuvres monumentales ou des œuvres d'atelier ne peut pas être établi avec certitude, telles les études de mains (60 Z 14).
Le deuxième ensemble de cette sous-partie comprend les études indéterminées (60 Z 18), c'est-à-dire qui n'ont pas pu être identifiées.
Suivent deux autres sous-parties, dont les périmètres sont mieux délimités : les œuvres monumentales et les œuvres d'atelier.
2.2. Les œuvres monumentales
Les œuvres monumentales relèvent d'une commande, le plus souvent publique, et ont vocation à s'inscrire dans une architecture. Dans le cas des commandes publiques, les dispositions de l'arrêté de 1951 sur 1 % culturel s'appliquent (la forme est un marché public). Dans le cadre des commandes privées, la mise en concurrence n'est pas obligatoire. Selon que Francis Pellerin était retenu ou non, l'œuvre était réalisée ou ne l'était pas. Que le projet du sculpteur soit sélectionné ou non, le dossier comprend le plus souvent des esquisses et des plans d'œuvre (ou d'exécution). Il arrive que des esquisses ne correspondent pas à l'œuvre finale : elles témoignent du cheminement de la réflexion du sculpteur. Pour quelques cas, les éléments permettant de conclure que l'œuvre a été réalisée ou pas sont insuffisants : une partie sur les œuvres dont la réalisation est incertaine leur a été consacrée.
Lorsque des dessins représentent des éléments ou des motifs qui se retrouvent dans plusieurs œuvres monumentales, ils ont été regroupés dans une partie « études », car il n'est pas possible de les associer à une œuvre monumentale précise. C'est le cas de la recherche sur les animations murales ou les sols et dallages (60 Z 22), dont des déclinaisons plus abouties ont trouvé place dans plusieurs bâtiments (60 Z 21). Des dessins et maquettes de grouillots (60 Z 23) ont également été rangés dans cette partie « études » : ces petits personnages aidaient le sculpteur à déterminer l'échelle juste de ses œuvres monumentales, en les posant près des maquettes.
L'embellie économique d'après-guerre qui voit l'expansion de la construction, profite aux artistes : le « 1 % artistique » est créé par arrêté du 18 mai 1951. Selon cet arrêté, les maîtres d'ouvrages publics ont obligation de réserver 1 % du coût de leurs constructions pour la commande ou l'acquisition d'une ou plusieurs œuvres d'art spécialement conçues pour le bâtiment considéré. Instrument d’une volonté politique de soutien à la création et à la sensibilisation à l’art, le « 1 % » permet la rencontre entre un artiste, un commanditaire public, un architecte et les publics, en dehors des institutions dédiées à l’art contemporain. Cette mesure s'applique dans un premier temps dans l'Éducation nationale : « 1 % des sommes consacrées par l’État pour chaque construction d’établissement scolaire ou universitaire devra financer la réalisation d’une œuvre d’art contemporaine intégrée au projet architectural ». Dans les années 1970 et 1980, cette mesure est étendue aux constructions des autres ministères puis aux collectivités territoriales.
L'opportunité de cette commande publique donne lieu à une collaboration fructueuse entre Francis Pellerin et de nombreux architectes. Le site www.francis-pellerin.fr () décrit ainsi les différentes étapes d'une réalisation monumentale de type 1 % :
- Rencontre, à l’atelier Francis Pellerin, avec un architecte demandeur fournissant des plans, un descriptif de son projet architectural et le chiffrage de l’enveloppe budgétaire pour un projet de décoration. Échange sur des possibles œuvres à réaliser à l’aide de maquettes présentes dans l’atelier ;
- Travail d’investigation sur le terrain pour localiser l’œuvre dans l’espace, envisager son échelle, le matériau à utiliser ;
- Recherches, études avec photomontages et contacts avec artisans et ingénieurs pour mesurer la faisabilité des projets. Dialogue avec l’architecte sur l’avancée des propositions ;
- Construction d’un dossier argumentaire, accompagné d’une maquette, présenté à une commission de validation (ex : celle du service de la création artistique des affaires culturelles à Paris) ;
- Établissement d’un arrêté préfectoral d’agrément ;
- Établissement d’une convention avec la direction départementale de l’Équipement, précisant la mission, le montant de la rémunération, l’échelonnement des règlements et le délai d’exécution de l’œuvre ;
- Réalisation de maquettes précises avec des plans de coupe, des plans d’assemblages et des dessins cotés (appelés « plans d'exécution d'œuvre » dans le présent inventaire) permettant aux entreprises de chiffrer sa prestation et de réaliser la mise en forme principale et la mise en place de l’œuvre ;
- Suivi des étapes de réalisation par les entreprises. Francis Pellerin se charge, avec ou sans l’aide d’assistants (issus de son atelier aux Beaux-arts) d’effectuer la finition de l’œuvre au moment de son installation ;
- Réception des travaux.
Selon ces étapes, les productions artistiques de Francis Pellerin sont les suivantes : croquis, esquisse voire maquette carton, plan de projet sur calque pour s'accorder avec l'architecte et pour nourrir le dossier pour la commission de validation et, enfin, le plan d'exécution ou de réalisation pour l'artisan.
Cette procédure est lourde et génère de nombreux documents. Ces différentes étapes se retrouvent de manière plus ou moins complète dans les dossiers de réalisations monumentales, qui montrent que le plus souvent, il faut compter deux à trois ans entre les premières traces écrites et la réception des travaux. Pour l’école de chimie de Rennes, il faut attendre plus de six ans.
Les établissements d'enseignement sont le type de bâtiments pour lequel Francis Pellerin œuvre le plus. Francis Pellerin réalise entre autres l'« Anascope » en 1966 à la faculté des sciences (architecte : Louis Arretche, 60 Z 41). Il réalise également un ensemble constitué d'une sculpture bassin, d'une ronde-bosse « Boule » et d'un bas-relief en 1960 à la faculté de droit (architecte : Louis Arretche, 60 Z 42 et 43). En dehors de Rennes, il élabore la structure métallique « Signal » en 1967 au collège de La Guerche-de-Bretagne (Ille-et-Vilaine ; architectes : Yves Guillou, Georges Martin et Yves Perrin, 60 Z 58).
En-dehors du 1 % artistique, Francis Pellerin travaille à la décoration d'une trentaine d'édifices religieux, réalisés ou non, en France et à l'étranger. Il réalise notamment, en 1957, à l'église Saint-Yves, un ensemble constitué de la porte d'entrée, d'un vitrail, des statues du Christ et de la Vierge, et d'un chemin de croix (architectes : Yves Perrin et Georges Martin, 60 Z 30). À l'église de Caudan, il réalise en 1962 le mobilier (chemin de croix, sculptures des 12 apôtres, croix du chœur, baptistère) et des vitraux (Morbihan ; architectes : Yves Guillou et Paul Lindu, 60 Z 35).
Dans un autre domaine, le Centre électronique de l'armement (CELAR) à Bruz commande à Francis Pellerin une stèle en granit (1973) et une médaille en bronze (1979) (60 Z 101 et 222). Le sculpteur réalise également des statues à l'entrée des mairies de Taupont et de Saint-Nolff (Morbihan ; architecte : Yves Guillou, 60 Z 104).
Ces dossiers sont particulièrement riches d'une part, sur la collaboration de Francis Pellerin avec des architectes reconnus de la période de la reconstruction et des Trente Glorieuses (Louis Arretche, Henry Auffret, Yves Guillou, Georges Martin, Yves Perrin et d'autres), comme en témoigne leur correspondance et, d'autre part, sur les réalisations de ces architectes à Rennes puisque les dossiers contiennent de nombreux plans de bâtiments. L'entre-deux-guerres, période de formation de ces architectes et de sculpteurs dont Francis Pellerin, voit un rapprochement conscient et fort entre l'architecture, la peinture et la sculpture dans une visée fonctionnelle et plus ou moins sociale. Francis Pellerin conçoit ses projets dans cet esprit : il inscrit ses œuvres dans la composition architecturale, qu'elles soient fixées aux édifices (surtout durant les années 1950), ou qu'elles s'en émancipent (dans les années 1960 et 1970). Quelle que soit la position de l'œuvre par rapport à l'architecture, le lien avec celle-ci se manifeste dans le souci de l'échelle, de la proportion juste entre les deux et, bien sûr du sens artistique donné par le sculpteur en lien avec la fonction du bâtiment. La correspondance avec les architectes montre la proximité de vue qu'il a avec la plupart d'entre eux et le soutien qu'ils lui apportent. Elle rend compte, notamment pour les œuvres non retenues, de la réception difficile à laquelle la « nouveauté » de l'art de Francis Pellerin peut se heurter. Le sculpteur s'ouvre volontiers auprès des architectes de ce qu'il considère comme un manque d'ouverture d'esprit des commanditaires, souvent confirmé et déploré par ses correspondants.
À cet égard, l'exemple de la commande par l'Institut Richelieu (à la Roche-sur-Yon) de statues pour sa chapelle, en 1960, est significatif (60 Z 124). Conformément à la méthodologie habituelle, l'architecte joue un rôle d'intermédiaire entre le client et l'artiste, de la commande à la livraison. L'architecte retenu, Jean Parois, fait appel à son ami Francis Pellerin. Cette commande, riche en tribulations, qui finalement n'aboutit pas, montre le rôle de courroie de transmission de Jean Parois entre la direction de l'Institut Richelieu et Francis Pellerin. L'architecte est tiraillé entre son adhésion à la proposition du sculpteur et la nécessité d'honorer la commande du client – rôle délicat dans lequel il fait preuve de souplesse et de réalisme. C'est précisément l'adhésion de l'architecte à l'œuvre de son ami sculpteur, tant dans l'adéquation à la commande que dans le parti pris s'éloignant d'un style purement figuratif, qui l'amène à lui demander des ajustements. En cherchant un compromis de nature à satisfaire la direction de l'Institut Richelieu, Jean Parois défend une certaine vision de l'art. Dans cette relation triangulaire, se détache la relation forte qui existe entre le sculpteur et l'architecte. Plus largement, cette commande illustre le contexte de tiraillement entre les « Anciens » et les « Modernes », qu'évoque Jean Parois, et la réception parfois difficile de l'art aspirant à l'abstraction dans ces années d'après-guerre. De ces échanges se dégagent enfin de manière assez éclatante la position d'artiste et la personnalité de Francis Pellerin.
L'inscription des œuvres de Francis Pellerin dans une architecture explique que les dossiers de réalisations monumentales ont été constitués pour chaque bâtiment, dont l'architecture pouvait embrasser une ou plusieurs œuvres. C'est pourquoi la description des dossiers d'œuvre commence par la dénomination du bâtiment. Dans le corps du répertoire numérique détaillé, il existe deux niveaux de description :
- Le premier niveau décrit l'ensemble du dossier de manière synthétique : les pièces administratives et techniques, la correspondance avec des architectes, ses fournisseurs et les instances qui acceptaient ou non ses œuvres (architecte en chef des bâtiments civils et des palais nationaux, commissions d'art sacré), les notices d'œuvres (dans lesquelles Francis Pellerin exprime son intention artistique ; elles renseignent richement sur sa créativité), les études (dessins, peintures, etc.) laissées dans la liasse ou extraites (en précisant leur nombre), les photographies des bâtiments et des sculptures ;
- Le second niveau se concentre sur la description des œuvres de l'esprit de Francis Pellerin, et uniquement les siennes : les dessins, peintures, montages et également des documents photographiques. Dans la plupart des cas, Francis Pellerin prend ses œuvres en photo : il est donc auteur de l'œuvre représentée sur le cliché et du cliché lui-même. Les documents qui sont décrits sont principalement des œuvres de Francis Pellerin – des œuvres primaires – et quelques-uns d'entre eux, minoritaires, sont des représentations des œuvres de Francis Pellerin (il s'agit des photographies, des cartes postales et des panneaux d'exposition). La description est structurée selon la répartition de ce qui est dans la liasse et de ce qui est extrait. Elle apporte les éléments suivants : le nombre d'études par œuvre, la nature de l'étude (dessin, peinture ou montage), le support (papier, papier kraft, calque, carton), la mention « noir et blanc » ou « couleurs ». Par exception, les affiches extraites, non créées par Francis Pellerin, y ont également été mentionnées, car toutes les œuvres extraites sont mentionnées dans le second niveau, afin de ne pas alourdir la description du premier niveau, plus générale.
Francis Pellerin consacre une partie de son activité à des commandes privées : pour des maisons particulières d'architectes notamment (cheminée, animation murale, galet, 60 Z 108, 145 et 147), pour des banques, et des établissements tels que des restaurants (60 Z 110), des hôtels (60 Z 111), un salon de coiffure (60 Z 112). Il réalise également des bustes, qui occupent une place spécifique dans son œuvre en ce qu'il renoue ainsi avec un art figuratif réaliste (60 Z 108) : bustes du peintre Yves Trévedy (1943), du professeur de littérature (université de Haute-Bretagne) Jean Thoraval (1968) et du recteur Le Moal (1969).
2.3. Les œuvres d'atelier
Les œuvres d'atelier sont le plus souvent réalisées en-dehors d'une commande : elles sont le produit d'une réflexion du sculpteur, qui cherche des formes en deux ou trois dimensions pour des tableaux ou des sculptures. Le degré d'aboutissement des dessins est varié : de la première esquisse au montage qui se déplie en trois dimensions ou à la miniature en balsa, pour les sculptures, jusqu'à l'œuvre définitive ou quasi-définitive sur papier, pour les peintures. La frontière entre la recherche du sculpteur et la réalisation d'une œuvre monumentale n'est pas étanche : certains dessins peuvent évoquer de manière lointaine ou proche une œuvre monumentale.
Les œuvres d'atelier, contrairement aux œuvres monumentales, n'étaient pas affectées à un lieu. Elles n'en ont pas moins eu leur vie propre : certaines ont évidemment été vendues à des collectionneurs privés, et certaines sont restées dans l'atelier de Francis Pellerin jusqu'en 2016 puis elles ont été partagées entre les quatre enfants de Francis Pellerin (selon les modalités d'une succession).
Les œuvres d'atelier sont réparties en deux catégories, qui donnent lieu à deux sous-parties dans le présent inventaire : les sculptures et les peintures.
Quand c'était possible, les études pour des sculptures ont été regroupées par formes, selon la classification retenue par les enfants de Francis Pellerin (boules, flammes, etc.). Les deux principaux matériaux utilisés pour la réalisation de ces sculptures sont le bois (parfois le liège) et le métal. La partie des sculptures s'achève donc avec un dossier sur sa collaboration avec deux artisans : le menuisier Besnard et le tourneur Hérisson. Il s'agit là de plans d'exécution, ultime étape avant la réalisation même des sculptures.
Les études pour des tableaux ont été réparties selon les trois périodes picturales de Francis Pellerin : première période géométrique, deuxième période géométrique et une troisième période intitulée « paysages ». Lors de sa deuxième période géométrique, Francis Pellerin a repris une partie des peintures de la première période géométrique pour s'en inspirer : il n'était pas possible de rompre ce rapprochement effectué par l'artiste lui-même, c'est pourquoi a été constituée une partie « Première et deuxième périodes géométriques » qui regroupe une partie des peintures de ces deux périodes.
3. La valorisation de l'œuvre de Francis Pellerin
Cette valorisation débute avec les concours et prix remportés par Francis Pellerin, à commencer par le Premier Grand Prix de Rome, que lui valut la sculpture l'Amazone en 1944 (60 Z 171). De 1946 à 1948, il séjourne à la Villa Médicis, où il conçoit une sculpture qui se détache de l'académisme et de la figuration. Francis Pellerin a participé à des concours durant toute sa carrière, le dernier dont le fonds conserve une trace étant le concours d'Osaka en 1991.
Un autre aspect important de sa carrière d'artiste est la participation à des groupes et des courants artistiques centrés sur l'abstraction dans les années 1950 et 1960. Les années qu'il passe à la Villa Médicis à Rome entre 1946 et 1948 ont été fondatrices à cet égard. Au fil de ses recherches durant ces deux années, il s'éloigne peu à peu du réalisme de ses débuts pour développer des formes plus épurées qui le rapprochent de l'abstraction. Les courants auxquels il contribue s'inscrivent d'ailleurs dans le renouveau de l'abstraction de l'après-guerre. En 1954, Francis Pellerin réalise sa première œuvre murale abstraite au casino de Saint-Malo. Les dossiers conservés retracent le fonctionnement et les activités de groupes d'art abstrait qui ont une existence concentrée sur les années 1950 et 1960. Avec le Groupe Structures fondé en 1952, qui se définit comme un groupement d'artistes des régions françaises pour la présentation de l'art abstrait et non figuratif, il expose en 1957 à Bordeaux et en 1960 à Toulouse (60 Z 173 et 174). Il expose également ses œuvres aux Salons des Réalités Nouvelles et de la Jeune Sculpture dès 1960 dans la section géométrique (60 Z 175, 176, 179 et 180). 1960 est aussi l'année de la création du Groupe Mesure, franco-allemand, par Georges Folmer (60 Z 177 et 178). Dit également « Groupe expérimental de recherches plastiques », le Groupe Mesure défend le courant de l'abstraction géométrique, en réaction au tachisme, qui lui préfère une abstraction lyrique. Le Groupe Mesure a pour ambition de faire dialoguer la réflexion entre plasticiens, peintres, sculpteurs et architectes. Marie Berhaut, directrice du musée des Beaux-arts de Rennes de 1949 à 1968, est l'une des rares conservatrices en France sensibles à l'art abstrait. En 1957, elle commande à Francis Pellerin une structure pour le hall du musée. Francis Pellerin réalise le « Mobile », structure en laiton pivotante (60 Z 88). C'est grâce à leur rencontre que la première exposition du Groupe Mesure a lieu à Rennes en 1961 : dix-sept peintres et sculpteurs « géométriques » y participent. Cette exposition marque la vie du Groupe : c'est la seule qui eut lieu en France, les autres eurent lieu en Allemagne où l'accueil de l'art abstrait géométrique était meilleur. La correspondance entre Francis Pellerin et Georges Folmer est éclairante sur la position de Francis Pellerin, qui fait des choix dans un milieu artistique et plus largement dans une société parfois peu réceptive à cet art. Le Groupe Mesure se dissout en 1966.
Les expositions jalonnent la carrière de Francis Pellerin surtout à partir du milieu des années 1950, ce qui est finalement assez tardif. Sa première exposition personnelle a lieu à la galerie Hautefeuille à Paris en 1962 (60 Z 181). Il participe à des expositions collectives pour l'essentiel, en France et à l'étranger, jusque dans les années 1990. La dernière exposition dont il reste les traces photographiques de sa participation est une exposition à Cancale, sa ville natale, en 1997 (60 Z 187). Enfin, une exposition est organisée au musée des Beaux-arts de Rennes en 2005 pour lui rendre hommage (60 Z 188).
4. L'enseignement en écoles supérieures
Fin 1948, Francis Pellerin revient à Rennes où il est nommé professeur du cours de sculpture, de mise au point et de modelage à l'école régionale des Beaux-arts (60 Z 196 à 204), et professeur du cours de modelage à l'école d'architecture (60 Z 205 à 211). Il enseigne à l'école régionale des Beaux-arts jusqu'en 1978 et à l'école d'architecture jusqu'en 1969. Les dossiers conservés rendent compte du fonctionnement de ces deux écoles et de la répercussion des événements de mai 1968 sur les programmes avec la réforme qui suivit (60 Z 209 et 210). Les dossiers relatifs à l'école des Beaux-arts donnent une idée de la conception du métier de professeur que se faisait Francis Pellerin et de la pédagogie qu'il y déployait (60 Z 199).
5. Archives personnelles
Ces dossiers retracent sa carrière à l'école régionale des Beaux-arts (60 Z 213) et à l'école d'architecture (60 Z 214). Ils comprennent également de la correspondance personnelle et professionnelle (60 Z 216), une analyse graphologique (60 Z 217) et l'hommage qui lui fut rendu lors de ses obsèques en 1998 (60 Z 219).
6. Synthèse des œuvres de Francis Pellerin présentes dans le fonds
Le tableau ci-dessous présente les 7071 œuvres de l'esprit de Francis Pellerin par catégories. Sont à distinguer les œuvres primaires de Francis Pellerin et les reproductions d'œuvres du sculpteur. Les poèmes, notices d'œuvre, dessins, peintures, montages, découpages, objets et plans d'exécution d'œuvre sont des œuvres primaires, qui sont au nombre de 4918. Les affiches, panneaux d'exposition, documents photographiques, diaporamas, enregistrement sonores, films et cartes postales sont des reproductions, qui sont au nombre de 2153. Ce tableau présente les œuvres de Francis Pellerin selon leur typologie, leur nombre et leur présence dans la liasse ou non (en cas d'extraction pour rangement dans un meuble adapté). Les notices d'œuvres sont l'expression littéraire de la conception artistique d'une œuvre. Les dessins sont des études réalisées le plus souvent au crayon, au fusain ou encore au feutre. Les peintures, souvent exécutées à la gouache, peuvent avoir plusieurs supports : principalement du calque et du papier. Les montages sont composés de plusieurs parties assemblées entre elles, qui peuvent être de supports identiques ou différents. Les découpages sont des supports découpés selon la forme de l'œuvre. Si des pièces sont découpées mais assemblées avec d'autres supports, elles sont considérées comme des montages. Les panneaux d'exposition ont pour support des cartons plume de grand format sur lesquels sont reproduits des œuvres de Francis Pellerin. Deux cartes postales reproduisent des œuvres de Francis Pellerin. Les documents photographiques peuvent être des négatifs, des diapositives ou des tirages. Il existe également des reproductions papier de photographies ainsi que des photographies numériques. Les diaporamas numériques sont pour l'essentiel constitués de photographies. Enfin, sont dénombrés un enregistrement sonore et des films sur supports analogiques et numérique.
Typologie | Dans la liasse | Extrait | Total |
Œuvres primaires : | | | |
Poèmes | | | Non dénombrés |
Notices d'œuvres | 13 | 0 | 13 |
Texte de conférence | 1 | 0 | 1 |
Dessins | 3232 | 311 | 3543 |
Peintures | 677 | 9 | 686 |
Montages | 234 | 30 | 264 |
Découpages | 21 | 0 | 21 |
Objets | 3 | 0 | 3 |
Plans d'exécution d'œuvre | 201 | 189 | 390 |
TOTAL ŒUVRES PRIMAIRES | 4382 | 539 | 4921 |
Reproductions d'œuvres : | | | |
Affiches | 0 | 5 | 5 |
Panneaux | 0 | 81 | 81 |
Cartes postales | 2 | 0 | 2 |
Documents photographiques | 1313 | 0 | 1313 |
Reproductions papier de documents photographiques | 13 | 0 | 13 |
Enregistrement sonore analogique | 0 | 1 | 1 |
Film analogique | 0 | 1 | 1 |
Photographies numériques | 0 | 736 | 739 |
Films numériques | 0 | 2 | 2 |
TOTAL REPRODUCTIONS D'ŒUVRES | 1328 | 826 | 2154 |