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Botanique au Thabor

Registre de classification des plantes destinées à composer la nouvelle école de botanique du Thabor, 1868, 2383 W 1

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Document #42 - juin 2023

Registre de classification des plantes destinées à composer la nouvelle école de botanique du Thabor, 1868, 2383 W 1


En 2019, les Archives de Rennes ont reçu le versement assez inattendu d'un registre par la Direction des jardins et de la biodiversité de la Ville de Rennes. Inattendu, car ce registre datant du milieu du 19e siècle est encore utilisé aujourd'hui par les agents de la direction ! C'est en effet un outil d'importance pour suivre l'évolution des variétés de plantes du jardin du Thabor, depuis l'aménagement de l'école de botanique en 1868.
D'abord jardin monastique, puis jardin aménagé selon la mode et les aspirations du 19e siècle, le parc du Thabor constitue un véritable témoignage des évolutions des usages des espaces naturels dans un milieu urbain. Un petit retour dans le temps s'impose pour mieux comprendre la place de cette école au 19e siècle.

  • "Ora et labora" : un jardin monastique

 Selon l'historien local, Paul Banéat, l'origine du Thabor remonterait à 1610. Il est alors situé hors les murs, sur une colline de près de 56 m d'altitude, dominant ainsi une grande partie de la ville. Son nom lui vient des moines bénédictins de l'abbaye Saint-Melaine dont il dépend, en référence au mont Thabor, une montagne d'Israël. À cette période, et dans tout l'Occident, les jardins monastiques sont organisés selon une division idéaliste de l'univers : d'un côté le monde spirituel, avec le cloître ; de l'autre côté, le monde temporel, avec les jardins utilitaires. Les jardins de l'abbaye Saint-Melaine en sont un bon exemple. Dès le 17e siècle, les moines bénédictins de Saint-Melaine ouvrent leurs jardins. Mais attention ! Seuls les hommes ont le droit d'y pénétrer.

  • Révolution et changements d'usages

 À la Révolution, l'abbaye Saint-Melaine et ses jardins, tout comme l'ensemble des domaines ecclésiastiques, font partie des biens du clergé confisqués par l’État. La Ville de Rennes négocie alors avec l’État, et devient officiellement propriétaire des lieux le 10 mai 1793. Elle y installe l'hospice municipal et fait aménager une promenade pour les vieillards.

Mais en 1795, nouveau revirement ! L'État impose la mise en place d’une École centrale dans chaque chef-lieu de département. Le jardin de l’évêque devient un jardin botanique qui prend le nom de "Jardin des plantes". En 1805, suite à la fermeture des Écoles centrales, la ville de Rennes récupère la gestion du muséum d’histoire naturelle et de l’école de botanique. La présence de cette école va faire de ce jardin un lieu d'étude scientifique.

  • Le jardin botanique

 Situé à l'origine à l'emplacement actuel du jardin à la française, ce jardin botanique, destiné aux étudiants en pharmacie, est transféré à l'est du parc en 1868, au moment où la municipalité charge le paysagiste Denis Bühler d'aménager le jardin en un véritable parc public. L'école de botanique est modernisée, et les plantes sont répertoriées et classifiées selon la classification botanique de Jussieu et de Candolle… classification maintenue depuis lors !

Comme on le voit très bien sur la première page de ce registre de classification, des plaques de couleur sont réalisées pour identifier facilement les familles, espèces et les plantes selon leurs propriétés : verte = sans propriétés particulières ; rouge = plante officinale ; blanche = plante alimentaire ; jaune = plante industrielle ; noire = plante toxique.
Aujourd'hui, ce jardin botanique comprend une collection de plus de 3 200 individus végétaux uniques (des taxons), un pollinarium, et une grainothèque comprenant près de 2 000 espèces provenant pour une partie des récoltes dans la nature et pour l'autre partie d'échanges de graines avec des correspondants du monde entier.

Le registre de classification est aujourd'hui conservé aux Archives de Rennes, afin de le préserver au mieux des dégradations. Sa numérisation intégrale a été réalisée et transmise à la Direction des jardins et de la biodiversité, afin que ce document puisse encore être utilisé par les jardiniers-botanistes du Thabor.

Dans le rétro

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